Dans les recoins des vieilles boîtes se cachent toutes sortes de trésors : des souvenirs fanés, des babioles, des mots oubliés mais aussi des photos, tapissées de gens qui n'existent plus et de vies éteintes. D. Gabarre redonne vie à ce bric-à-brac miniature et souffle sur les braises du feu perdu. Naïves, drôles, grotesques ou inquiétantes, ses créations distillent une étrange nostalgie et de subtiles odeurs de poussière. Poussez la porte, passez la tête, c'est tout un monde qui attend les curieux et les amateurs d'étrangetés ...
Rencontre avec un faiseur de boîtes
A.L. Pour certains c'est la peinture, d'autres la sculpture et vous ce sont... les boîtes. Comment tout ça a démarré ?
D.G. J'ai fais mes premières boîtes en 2012. Mais bon, ça ne m'a pas pris comme ça du jour au lendemain. Disons qu'il a fallu du temps pour que l'idée germe, tout était déjà présent quelque part dans un recoin de ma tête mais l'élément déclencheur s'est un peu fait attendre.
D.G. J'ai fais mes premières boîtes en 2012. Mais bon, ça ne m'a pas pris comme ça du jour au lendemain. Disons qu'il a fallu du temps pour que l'idée germe, tout était déjà présent quelque part dans un recoin de ma tête mais l'élément déclencheur s'est un peu fait attendre.
A.L. Vous avez reçu une
boîte sur la tête, c'est ça ?
D.G. Non, pas vraiment...
Il n'y a pas eu non plus d'étincelle ! C'est amusant parce
qu'on pense souvent que la création a quelque chose de quasi
magique, d'imprévisible et de spontané mais, dans mon cas, c'est
tout le contraire. On pourrait suivre à la trace et démonter pièce
par pièce l'espèce de mille-feuille émotionnel qui m'a conduit à
fabriquer des boîtes. D'abord, très clairement, il y a le spectacle
quand j'étais enfant des photos d'ancêtres qui trônaient chez mes
grand-parents et, surtout, la présence assez pétrifiante d'une
vierge enchâssée dans une petite vitrine rangée dans la chambre de
mon grand-père. Cet objet de dévotion somptueux, sans doute ramené
d'Espagne, m'a fasciné et hanté toute mon enfance.
A.L. Donc, des boîtes,
de vieilles photos jaunies,...
D.G. Et c'était parti.
A.L. Spontanément, vos
boîtes ont un petit air lugubre...
D.G. Je ne fais pas
mystère de ma passion pour les univers fantastiques et les ambiances
gothiques et surnaturelles. Il est d'ailleurs très intéressant de
voir comment le cinéma fantastique utilise la photo ancienne ou les
films super8. Des supports obsolètes, remisés, qui tout d'un coup
crédibilisent, et révèlent l'impensable. Dans « Les
autres », la scène où Nicole Kidman découvre les photos de
ses domestiques morts est d'une puissance incroyable ! Quant au
mot « lugubre », je ne le récuse pas : mes boîtes sont
des autels où vivent des morts, on n'est pas très loin du
cimetière, il faut bien le dire. Mais ce n'est pas ce qui
m'intéresse le plus...
A.L. C'est-à-dire ?
D.G. Le mystère !
Le grand mystère qu'il y a dans ces photos. Les mettre en boîte,
c'est figer ce mystère, le contempler et, indéfiniment, tenter
d'imaginer qui étaient ces gens, leur vie, leur mort. Chaque photo,
chaque portrait renferme mille histoires et c'est quelque chose de
très excitant d'un point de vue créatif.
A.L. Vos boîtes, c'est
de l'art plastique, de la déco ? Ou autre chose ?
D.G. Je ne sais pas trop
à quoi correspondent mes boîtes ni où les ranger, ce qui est un
comble pour des boîtes ! D'instinct, je me sens proche de l'art
populaire (notamment religieux) ou de l'art brut mais aussi des
univers de la miniature ou du jouet, c'est très vaste, assez
inconstant et perméable. La récupération et le détournement des
objets m'intéressent aussi. Et le terme de décoration n'est pas
péjoratif pour moi. En anglais, on parle de « mixed media »,
c'est assez juste. Au final, je me considère davantage comme un
bricoleur agile que comme un artiste. Beaucoup de gens dans les pays anglo-saxons font un peu la même chose. En France, Paul Duchein fait parti des créateurs que j'admire énormément.
A.L. Comment
travaillez-vous ?
D.G. Un peu n'importe
comment. Je travaille sur une table perpétuellement encombrée de
mille et uns objets où je pioche ce dont je vais avoir besoin. Mais
le point de départ c'est la plupart du temps la boîte : sa
forme, sa taille, sa matière vont conditionner le reste. Le choix de
la photo vient généralement ensuite.
A.L. Avec toutes ces
boîtes, vous n'avez pas l'impression d'être pris au piège du
format ?
D.G. Non, pas vraiment, même si j'ai envie d'aller vers des compositions plus complexes, à l'image de Mer profonde, avec étages, niveaux, couloirs, greniers,...
A.L. Dans votre atelier, j'ai vu aussi des choses un peu différentes...
D.G. Oui, même si je ne sors jamais vraiment du format boîte ou cadre. J'ai détourné des vieux bouquins, fait des tableaux kitsch, des collages, ou des petits bonhommes avec des bouchons de champagne. Entre deux boîtes, ça permet une respiration dans le travail et puis je ne peux pas m'empêcher pas de toucher à tout.
D.G. Non, pas vraiment, même si j'ai envie d'aller vers des compositions plus complexes, à l'image de Mer profonde, avec étages, niveaux, couloirs, greniers,...
A.L. Dans votre atelier, j'ai vu aussi des choses un peu différentes...
D.G. Oui, même si je ne sors jamais vraiment du format boîte ou cadre. J'ai détourné des vieux bouquins, fait des tableaux kitsch, des collages, ou des petits bonhommes avec des bouchons de champagne. Entre deux boîtes, ça permet une respiration dans le travail et puis je ne peux pas m'empêcher pas de toucher à tout.
A.L. Merci Daniel.
D.G. Merci à vous.
Interview réalisée en décembre 2012.
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